Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/82

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vétie fut forcée d’accepter sa médiation. Mais, tandis qu’il empêchait la liberté de naître en Italie, il voulut la ramener en Suisse. Il créa le canton de Vaud et arracha ce beau pays, où la liberté subsiste encore aujourd’hui, à l’avilissante tyrannie de l’aristocratie bernoise. L’Allemagne fut divisée et redivisée entre ses princes suivant ses vues, celles de la Russie et la vénalité de son ministre.

Telles furent en une seule année les actions de ce grand homme.

Les libellistes et Mme  de Staël y voient du malheur pour le genre humain : c’est le contraire. Depuis un siècle, ce n’est pas précisément de bonnes intentions que l’on manque en Europe, mais de l’énergie nécessaire pour remuer la masse énorme des habitudes. Tout grand mouvement ne peut être désormais qu’à l’avantage de la morale, c’est-à-dire du bonheur du genre humain. Chaque choc qu’éprouvent toutes ces vieilleries les rapproche du véritable équilibre[1].


On assure qu’à son retour des comices de Lyon, le premier consul avait l’idée

  1. Voyez les États qui se réorganisent après la chute de Napoléon, comparez-les à ce qu’ils étaient avant la conquête : Genève, Francfort, etc. Le trésor d’un peuple, ce sont ses habitudes.