Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, Lévy, 1854.djvu/11

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Il me semble que la première loi que le dix-neuvième siècle impose à ceux qui se mêlent d’écrire, c’est la clarté. Une autre considération m’en faisait un devoir.

Nous parlons beaucoup musique en France, et rien dans notre éducation ne nous prépare à en juger. Car c’est une chose reconnue que, plus un homme est fort sur un instrument, moins il sent les effets du charme qu’il fait naître. Son âme est ailleurs, et il n’admire que le difficile. J’ai pensé que les jeunes femmes qui entrent dans le monde trouveraient avec plaisir, en un seul volume, tout ce qu’il faut savoir sur cet objet.

Dans l’analyse de sentiments aussi délicats, l’essentiel est de ne rien outrer. Ceci me convenait parfaitement ; le talent de l’éloquence, que je n’avais point, eût été déplacé dans un tel ouvrage.

Île de Wight, le 16 septembre 1817.