Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce fut être ce qu’était mon père et ce que n’était pas ma grand’mère.

Ma profession de foi, si on me l’avait demandée, eût été contenue tout entière dans ces deux articles. — Mon aïeule paternelle s’en fût contentée ; et ce qu’y ajouta l’abbé Rougeot n’était pas pour éclairer beaucoup, ni pour pénétrer mon âme, comme on va le voir.

Mais, avant d’en venir à ma première communion, il faut que je dise en peu de mots ce qu’était cette grand’mère, sous l’œil de laquelle j’allais approcher de Dieu.

Sophie Élisabeth Huguenin, fille de François Huguenin, bourgeois de Neuchâtel, et d’Élisabeth Guldimann, bourgeoise de Soleure, avait épousé mon grand-père, le vicomte Gratien de Flavigny, vers l’année 1768. C’était un mariage d’inclination, où de côté ni d’autre la fortune n’avait eu grande part.

Sophie Huguenin avait dû plaire beaucoup dans sa jeunesse. On a d’elle des portraits qui lui donnent tous les caractères de la beauté noble : un front haut, de grands yeux, un nez droit, des sourcils bien dessinés, avec cet air d’enjouement et de grâce aisée qui semble particulier aux femmes de son temps. Cette grâce et cette beauté étaient un don maternel. Un pastel de Latour que je possède, et qui représente ma bisaïeule en habits de fête, me jette un charme toutes