Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/302

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point présentée, je lui fus une compagnie à souhait avec laquelle elle se sentait tout à l’aise. Elle complimenta ma mère sur mes beaux cheveux, sur mes beaux yeux, et me mit ainsi à la mode pour toute la saison.

Du vivant de son mari, la duchesse de Berry voyait beaucoup avec lui la famille d’Orléans. Le cercle intime du Palais-Royal et de Neuilly, plus nombreux, plus jeune, moins grave que celui des Tuileries, leur plaisait à tous deux beaucoup. Ils témoignaient au duc de Chartres surtout tant d’amitié que le public supposait déjà un projet d’union entre le petit prince et la petite Mademoiselle encore au berceau. Après la catastrophe de l’Opéra, la duchesse de Berry continua de fréquenter les d’Orléans. Le duc de Chartres grandissant, devenu un beau jeune homme, lorsqu’on les vit ensemble ouvrir les bals à la cour et dans les ambassades, personne ne douta plus du lien nouveau qui resserrerait un jour leur parenté[1]. Au château des Tuileries, on en jugeait autrement. L’entourage du roi et surtout celui de la Dauphine ne voyaient pas d’un bon œil les relations de la mère du duc de Bordeaux avec le fils et les petits-fils de Philippe-Égalité. Le duc d’Orléans restait suspect aux ultras. L’émigra-

  1. Comme je visitais un jour le château de Randan, — c’était en 1853, — j’y vis, au milieu des souvenirs de famille, une aquarelle représentant le château de Rosny, avec cette signature et cette date : Marie Caroline fecit 1823.