Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/362

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Lévis, Guermantes, habité par la marquise de Tholozan et ses charmantes filles, mesdames de Dampierre et de Puységur ; Rentilly, Armainvilliers, rendez-vous de chasse de Sosthènes de La Rochefoucauld , donnaient des motifs très-agréables de promenades à cheval ou en voiture[1].

Pendant une saison, nous jouâmes à Croissy la comédie, pas trop bien, il en faut convenir, mais avec une bonhomie parfaite. On faisait aussi chez moi, à Paris et à la campagne, de bonne musique : on y jouait les compositions nouvelles du romantisme musical : la Symphonie fantastique de Berlioz, arrangée pour le piano par Liszt : les Mazourques de Chopin, les Études de Hiller. On chantait les Lieder de Schubert, la Captive de Berlioz. On y mêlait des compositions moindres, mais fort en vogue : le Lac de Niedermayer, des romances plus insignifiantes encore, des soli de harpe ou de guitare, etc., car le propre des gens du monde c’est d’accueillir également bien tout ce qui peut servir à l’amusement : le beau et le médiocre, le mauvais et le pire. La jeune duchesse de la Trémoïlle, la com-

  1. Je n’ai connu dans le monde que bien peu de femmes aussi distinguées d’esprit et de manières que La baronne James de Rothschild. Quant à la marquise de Dampierre, malgré son étrange état nerveux, elle était si vivement, si vraiment aimable et spirituelle, qu’on s’accoutumait aisément à ses excentricités involontaires, et qu’on finissait, quand on n’en était pas trop victime, par y trouver un attrait de plus.