Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/414

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qu’il ne dépense pas deux cents louis par an pour sa maison ; il a pour tout potage un mauvais petit bureau tout noir, dont la moitié, séparée du reste par un paravent, lui sert de salon et de salle à manger. Je crois qu’on lui fait son lit le soir sur les pupitres des commis. Madame est toujours assise en face de lui. Je ne te parlerai pas de politique, attendu que je lis fort peu les journaux ; d’ailleurs, tu n’ignores sans doute pas la note officielle remise par M. de Hardenberg au gouvernement français dans laquelle il se plaint du discours du Roi et de la réponse de la Chambre et demande une explication immédiate, et c’est tout ce que j’ai lu d’intéressant depuis quelque temps. On aime beaucoup Buonaparte ici, un grand nombre d’Anglais ont toujours son portrait dans leur poche et ils parlent de lui avec bien plus d’exaltation que l’armée de la Loire.

Je te prie de m’écrire l’époque à laquelle tu comptes revenir à Paris. Je m’arrangerai de manière à arriver peu de jours après. Adieu, ma chère maman, bien des choses à tout le monde.

Je t’embrasse.

Maurice.