Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/155

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cache-t-elle pas aussi la perversité du cœur ? — Yorick trouvoit cependant cette définition si belle, qu’il disoit assez imprudemment, sans doute, qu’elle méritoit d’être gravée, en grandes lettres d’or, sur des portiques élevés.

Il faut l’avouer : il s’étoit placé sur un théâtre qu’il ne connoissoit pas. Il étoit aussi indiscret, aussi imprudent sur toute autre chose. — C’est en vain que la politique exigeoit de lui de la contrainte et de la retenue : rien ne faisoit impression sur son esprit, que la nature même de la chose dont on parloit ; et sa coutume étoit de traduire sur-le champ, et sans périphrase, en bon anglois, ce qu’elle exprimoit. Les personnes, le temps, le lieu, tout cela lui étoit indifférent : il ne faisoit point de distinction. Un mauvais procédé venoit-il lui frapper l’oreille, il ne se donnoit pas le temps d’examiner quel étoit le héros de la pièce ; et si, par son état, si par sa place, il ne pouvoit pas lui nuire ; — si l’action étoit odieuse, il n’en falloit pas davantage ; … celui qui l’avoit commise étoit un infâme, etc. etc. Ses commentaires malheureusement se terminoient presque toujours par un bon mot, ou étoient aiguisés par quelque saillie satirique. — Quelles ailes pour son indiscrétion ! — Enfin