Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/212

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je ne décide rien sur ce point : — Je n’aime pas à juger. Je me contente seulement d’indiquer aux curieux quelques-unes des routes diverses où ils peuvent entrer pour parvenir aux premières sources des événemens, et j’évite en cela même le ton pédantesque des gens à férule, et la manière décidée de Tacite, qui attrape ses lecteurs, après s’être attrapé lui-même. — Je n’agis qu’avec cette modestie officieuse d’un cœur qui s’est entièrement dévoué au secours des profonds scrutateurs. — C’est pour eux que j’écris. — Aussi me liront-ils jusqu’à la fin du monde, si pourtant mes écrits vont jusques-là ; et je suis bien sûr qu’il y a des lecteurs qui disent que non.

Je ne décide donc point pourquoi cette cause d’affliction fut exprès réservée pour mon père et pour mon oncle, M. Tobie Shandy. — Mais il m’est possible de faire autre chose. Je puis expliquer, avec la plus exacte précision, pourquoi elle fut la cause de leur brouillerie. —

Mon oncle, M. Tobie Shandy, madame, étoit un homme, qui, avec toutes les vertus qui constituent ordinairement un homme d’honneur et de probité, avoit par-dessus tout cela, et dans le degré le plus éminent,