Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une autre vertu, que l’on insère rarement dans le catalogue des vertus. — C’étoit une modestie naturelle, qui alloit jusqu’à l’extrême. — J’aurois peut-être dû mettre ici de côté l’adjectif : on ne sait effectivement pas trop bien si cette modestie étoit naturelle ou acquise… Mais peu importe, au reste, comment elle lui étoit venue. Il suffit que ce fût réellement de la modestie dans le vrai sens du mot. — Elle avoit même cela de particulier. Ce n’étoit point par les expressions qu’elle se signaloit ; mon oncle Tobie ne se piquoit pas d’en savoir faire le choix ; elle ne se montroit que dans les choses. — Elle s’étoit emparée de lui, et elle égaloit presque cette aimable délicatesse, cette pureté intérieure d’esprit et d’imagination, qui, dans votre sexe, madame, inspire tant de respect au nôtre. —

Et vous vous imaginez peut-être que mon oncle Tobie avoit puisé sa modestie dans cette source ; qu’il avoit passé la plus grande partie de sa vie avec le beau sexe, et que la connoissance intime de cette belle moitié de la création, et la force de l’imitation de si beaux exemples, lui avoient acquis cette aimable tournure d’esprit ? —

Je suis bien fâché de ne pouvoir le dire ; mais mon oncle Tobie n’échangeoit pas trois