Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/28

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caracoles de mon dada ; je serai la gourmette ; et je m’apprêtai à tenir ma promesse au public, d’une manière plus posée et plus systématique. Me voilà à jeter sur mon papier, de grands sujets ; mais je n’ai pas eu le temps de les polir. Tant d’idées, tant de caprices passoient à travers ma cervelle pendant la composition, et repoussoient tellement tour-à-tour ces grands desseins, que je n’ai encore pu en former un seul volume, pour m’acquitter envers mes lecteurs.

Un de mes projets favoris étoit de composer un petit livret intitulé alphabet, à l’usage des jeunes gens de tous les états : ils devoient s’y instruire sur la manière d’agir et de parler dans les diverses occurrences de la vie.

Avouons-le à notre honte ; un pareil code nous manque encore. La nature, je le sais, a épuisé ses libéralités en faveur de quelques individus que je connois : elle leur inspire, dans leurs actions et leurs paroles, un esprit, une ame qui équivalent, et au-delà, à la nécessité de l’éducation ; mais ces exemples sont rares ; on peut même les appeler des comètes morales.

La plupart des hommes sont nés avec cette douce foiblesse de l’esprit, qui résout chaque