Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/30

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maines. Il étoit important pour les personnes d’un certain rang, de pratiquer la vertu, ou du moins d’y prétendre. Ils auroient appris que ni leur propre sentiment, ni les usages du monde n’étoient pas une autorité suffisante pour la défense du vice ou de l’indécence. Je voulois les renvoyer à l’école : quoiqu’ils aient rarement un cœur, ils auroient encore appris quelque chose par cœur.

Nos seigneurs n’auroient pas été tentés, pour cela, de réformer leur petites maisons ; mais ils n’auroient peut-être pas osé les décorer de leurs écussons, et offrir les laquais ou leurs maîtresses revêtus de la livrée de leurs femmes. Nos apprentifs ministres n’auroient pas quitté chaque jour le heaume et l’épée, pour saisir et diriger les rennes d’un cabriolet leger.

On auroit peut-être moins vu de ces divorces scandaleux autorisés par nos mœurs modernes, de ces divorces, qui, comme les sections d’un polype, engendrent, chacun de leur côté, après leur séparation.

Je ne suis pas néanmoins assez visionnaire pour croire que mon alphabet eût rendu les hommes vertueux, en dépit de notre commune éducation.

Et quæ fuerunt vitia, mores sunt. Sénèque.