Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/362

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Cette circonstance n’auroit pas détruit le système de Descartes..... Mais il y en avoit une autre qui le ruina entièrement. C’est que le chirurgien françois qui fut chargé de la guérison du malade, lui emporta le reste de cette partie précieuse d’un coup de bistouri. — Il en revint aussitôt en bonne santé, et reprit son service comme s’il avoit encore eu son cerveau complet.

Qu’est-ce que la mort ? disoit mon père. C’est la séparation de l’ame du corps, et pas autre chose. Oh ! s’il est vrai qu’on peut agir et faire ses affaires sans cervelle, ce n’est donc pas là l’endroit où réside l’ame.

La conséquence étoit sans réplique, et mon père ne songea plus à penser comme Descartes.

Borry, fameux médecin milanois, et qui, par parenthèse, étoit peut-être encore plus poltron qu’il n’étoit habile, avoit assuré à Bartholin, dans une de ses lettres, qu’il avoit découvert un fluide léger, subtil, odoriférant, dans les cellules qui sont au derrière de la sommité du cerveau ; et il prétendoit que c’étoit là le siége de l’ame raisonnable… Remarquez, je vous prie, cette épithète. Ce n’est pas sans raison que je l’ajoute. On est si éclairé depuis quelques siècles, qu’on a