Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/47

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malheur de ma vie, et qui m’assurent le repos de l’éternité.

Le Fevre est mort depuis long-temps ; et je répète, j’écris son nom avec la reconnoissance et le respect que je dois à sa mémoire. C’est tout ce que je puis faire. J’aurois arraché de dessus sa tombe quelque plante malfaisante, si j’y en avois vu croître ; car certainement ses cendres n’en peuvent, ni au physique ni au moral, produire et nourrir aucune.


MON ONCLE TOBIE.


J’avois un oncle ministre de l’évangile, mais entiérement entiché de politique. Il avoit la louable ambition de se pousser dans le monde. La prêtrise est bonne pour s’avancer dans l’autre, mais elle aide bien peu ici bas.

Il s’appliquoit néanmoins à apprendre par cœur les trente neuf articles de foi, pour subir savamment son jugement dernier, sans penser à cette vieille maxime : Vivez, apprenez, vous mourrez et oublierez.

En attendant, il s’amusoit à écrire des pamphlets pendant le ministère de Walpole, en faveur de son administration. Mais la fortune qu’il poursuivoit fuyoit toujours devant lui,