Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/50

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laïcs le scandale et les reproches qu’ils ont accumulés sur leurs fonctions.

Mon livre devint un code de politique pour tous les sycophantes ministériels du temps. Je n’avois pas laissé un seul paragraphe dans les écrits des auteurs politico-mercenaires passés, sans en faire usage, et les politico-mercenaires présens n’ont pas fait un seul livre sans faire usage du mien.

Le revenu du bénéfice de mon oncle étoit considérable, et j’y avois quelque droit. Il m’amusa d’espérances pendant quelques années, et arracha toujours, en attendant, quelques bribes de ma plume. Comme il étoit courtisan, il promit et tint, tout aussi bien qu’un autre.

Son ingratitude provoqua mon ressentiment au plus haut degré. Je me calmai cependant, et je fis servir mon accident à mes intérêts. Si mon esprit a donné à vivre aux autres, me dis-je à moi-même, un jour qu’il m’arriva de réfléchir, quelle folie de ne pas faire travailler cette manufacture pour mon propre compte !

Je venois d’être fait prêtre : je fis un sermon ; je le prêchai et le publiai.

Bon. Je résolus ensuite d’écrire mes Mémoires. Pourquoi non ? il n’y a pas un ensei-