Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/102

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— David, mon garçon, vous êtes bien tombé, en venant trouver l’oncle Ebenezer. J’ai le sentiment de la famille au plus haut point, et j’entends faire mon devoir à votre égard, mais pendant que je vais réfléchir et chercher si je dois vous pousser dans le barreau ou vers l’église, peut-être même dans l’armée : c’est encore ce que préfèrent les jeunes garçons. Je ne voudrais pas que les Balfour soient humiliés devant des pas grand’choses, les Campbell des Highlands, et je vous prierai de garder votre langue entre vos dents.

Pas de lettres, pas de messages ; jamais un mot à qui que ce soit, ou sans cela : voici ma porte.

— Oncle Ebenezer, dis-je, je n’ai aucun motif de croire que vous puissiez me vouloir autre chose que du bien. Néanmoins, il faut que vous sachiez que j’ai mon orgueil. Ce n’est pas du tout de mon propre gré que je suis venu vous trouver, et si vous me montrez la porte une seconde fois, je vous prendrai au mot.

Il me parut tout à fait décontenancé.

— Ah ! Ah ! fit-il, il est raide, le bonhomme ! Attendez un jour ou deux. Je ne suis pas un sorcier pour vous trouver une fortune au fond d’un bol de soupe ! mais enfin donnez-moi un jour ou deux, et ne dites rien à personne : et aussi vrai que je suis là, je ferai tout mon devoir envers vous.

— Très bien, très bien, dis-je, cela suffit. Si vous avez le désir de me venir en aide, j’en serai certainement très content, et n’en serai pas moins reconnaissant.

Il me parut (trop tôt je l’avoue) que je prenais quelque empire sur mon oncle ; je ne tardai pas à lui dire que j’entendais que le lit et les draps fussent aérés et séchés au soleil, que pour rien au monde je ne consentirais à coucher dans un tel taudis.