Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/132

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le capitaine Hoseason qui était descendu sur le quai, au milieu de ses marins auxquels il donnait des ordres assez impérieusement.

Aussitôt après, il revint vers la maison, sans que rien dans sa démarche rappelât l’allure pataude du marin. Il redressait sa belle et haute stature dans une attitude virile et il avait toujours sa sérieuse et grave expression de physionomie.

Je me demandai s’il était possible que les histoires de Rançon fussent vraies, et je n’en crus que la moitié.

Elles s’accordaient trop peu avec l’aspect de cet homme.

Mais en fait, il n’était pas aussi bon que je le supposais, ni aussi mauvais que le décrivait Rançon : la vérité c’est qu’il y avait deux hommes en lui, et que le meilleur des deux laissait l’autre en arrière dès qu’il avait mis le pied à bord.

Aussitôt après, j’entendis mon oncle m’appeler et je trouvai les deux hommes ensemble sur la route.

Ce fut le capitaine qui m’adressa la parole, et cela d’un ton grave, comme si j’étais son égal, ce qui était bien flatteur pour un jeune garçon.

— Monsieur, me dit-il, M. Balfour me fait le plus grand éloge de vous, et de mon côté je dirai que votre mine me plaît. Je voudrais avoir plus de temps à passer ici. Nous deviendrions certainement bons amis, mais nous emploierons de notre mieux le peu d’instants dont nous disposons. Vous viendrez à bord de mon brick passer une demi-heure jusqu’à l’heure où le flux commencera et vous boirez un bol avec moi.

Or, voir l’intérieur d’un vaisseau, c’était là une envie qui me tourmentait plus que je ne saurais le dire, mais je n’entendais pas pour cela donner tête baissée dans