Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/344

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— Cela n’est point mal, monsieur Stewart, dit le rival, mais vos gazouillis sont d’une pauvre invention.

— Ah ! s’écria Alan, la figure soudain empourprée, je vous en donne le démenti.

— Vous avouez donc votre défaite à la cornemuse, dit Robin, puisque vous cherchez à la remplacer par l’épée.

— Voilà qui est tout à fait bien dit, monsieur Mac Gregor, répliqua Alan, et en attendant, je reprends mon démenti. J’en appelle à Duncan.

— En vérité, vous n’avez pas à prendre à témoin qui que ce soit. Vous êtes un juge bien plus compétent que n’importe quel Maclaren de Balquidder ; et il est bien certain que pour un Stewart, vous êtes un très bon joueur de cornemuse. Passez-moi l’instrument.

Alan obéit.

Robin se mit en devoir d’imiter les variations exécutées par Alan, tout en les corrigeant, et il semblait qu’il n’en eût perdu aucun détail.

— Ah ! oui, vous avez de la musique dans le corps, fit Alan d’un air sombre.

— Maintenant vous allez en juger par vous-même, monsieur Stewart, dit Robin.

Il reprit les variations depuis le début, les retoucha d’une manière si originale, si ingénieuse, avec tant de sentiment, de fantaisie et de virtuosité dans les notes finales que j’étais stupéfait de l’entendre.

Quant à Alan, sa figure s’assombrissait, s’échauffait. Il restait assis à se mordiller les doigts, comme un homme qui vient de subir un affront violent.

— Assez, s’écria-t-il, vous savez jouer de la cornemuse. Contentez-vous de cela.

Et il allait se lever.

Mais Robin se borna à lever la main comme pour