Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/91

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sait le ciel, tout indiquait la fertilité du sol, la douceur du climat ; et cependant la baraque qui occupait le centre du paysage blessait douloureusement mon imagination.

Les gens de la campagne, quittant leurs champs, passèrent près de l’endroit où je m’étais assis à côté du fossé, mais je n’avais pas même assez de courage pour leur souhaiter le bonsoir.

Enfin le soleil disparut, et alors bien contre le ciel jaune je vis monter un nuage de fumée pas plus large, à ce qu’il semblait, que la fumée d’une chandelle, mais enfin il était là, il faisait penser à un feu, à la chaleur, aux apprêts du repas, à quelque être vivant, qui avait dû l’allumer et cela me réconforta le cœur merveilleusement, plus efficacement, j’en suis certain, que ne l’eût fait tout un flacon de cette eau de muguet, dont mistress Campbell faisait tant de cas.

Aussi je me remis en marche, suivant une petite trace vaguement marquée dans le gazon, et dirigée vers mon but.

Cette trace était vraiment bien indécise, pour être le seul accès à un endroit habité, et cependant c’était la seule que je visse.

Bientôt elle m’amena devant des montants de pierres à côté desquels se trouvait un logement de concierge, mais sans toit ; des armoiries y étaient sculptées sur le haut.

C’était, comme on le voyait bien, une entrée principale, mais elle n’avait point été achevée ; au lieu d’avoir des portes en fer à claire-voie, elle était barrée par deux claies que maintenaient des cordes de paille, et comme il n’y avait point de murs de parc, ni rien qui ressemblât à une avenue, la piste que je suivais passait à droite des montants de l’entrée, et allait sinueusement vers la maison.