Page:Stevenson - Herminston, le juge pendeur.djvu/149

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Ses lignes si amples, riches et vigoureuses, semblaient la destiner à être la fiancée de quelque héros et la mère de nombreux enfants ; et cependant, voyez, par une véritable injustice du sort, elle avait passé seule les belles années de sa vie, et, femme stérile, elle allait maintenant toucher à la vieillesse. Le besoin de tendresse qui était en elle depuis sa naissance s’était, peu à peu, avec le temps et les désillusions, changé en un zèle stérile d’activité et en une sorte de fureur de se mêler de tout. Elle mettait à son ouvrage toute l’ardeur qui avait été refoulée en elle et lavait les planchers avec toute la force de son cœur délaissé. Si elle ne pouvait gagner par son amour l’amour d’un autre, elle voulait au moins les dominer tous par la force de son caractère. Prompte, bavarde et violente, elle était à couteaux tirés avec la plupart de ses voisins et n’entretenait guère avec les autres qu’une paix armée. La femme du régis-