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LA PALANQUE

avec résolution et ponctuellement. Il était de vingt ans le plus âgé de notre parti, et maintenant, ce vieux serviteur fidèle et résigné, c’était lui qui allait mourir.

Le chevalier se jeta à genoux auprès de lui et lui baisa la main, en pleurant comme un enfant.

— Est-ce que je vais vous quitter, docteur ? demanda le blessé.

— Tom, mon ami, lui répondis-je, vous allez regagner la céleste patrie.

— Avant ça, j’aurais bien voulu faire tâter de mon fusil à ces salauds-là.

— Tom, prononça le chevalier, dites-moi que vous me pardonnez, voulez-vous ?

— Serait-ce bien convenable, de moi à vous, monsieur le chevalier ? Néanmoins, ainsi soit-il, amen !

Après un petit intervalle de silence, il exprima le souhait d’entendre lire une prière. « C’est la coutume, monsieur », ajouta-t-il, en manière d’excuse. Et peu après, sans un mot de plus, il expira.

Cependant, le capitaine, dont j’avais remarqué la poitrine et les poches étonnamment bourrées, en avait sorti une foule d’objets hétéroclites : un pavillon britannique, une bible, un rouleau de corde assez forte, de quoi écrire, le livre de bord, et du tabac en quantité. Il avait trouvé dans l’enclos un pin de bonne taille, abattu et dépouillé, et, avec l’aide de Hunter, il l’avait érigé au coin de la maison, dans l’angle formé par l’entrecroisement des madriers.

Puis, grimpant sur le toit, il avait de sa propre main déployé et hissé le pavillon.

Cela parut le réconforter beaucoup. Il rentra dans la maison, et parut s’absorber tout entier dans l’inventaire des provisions. Mais il n’en jeta pas moins un coup d’œil sur le trépas de Redruth ; et, dès que