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MON AVENTURE EN MER

courais, alternativement. Toutefois, en pénétrant dans le bois qui la précède, je ne fus pas assez étourdi pour ne pas ralentir, et m’avançai avec plus de prudence. C’eût été piètrement finir mes aventures que d’attraper une balle des nôtres, par méprise.

La lune s’élevait ; sa lumière tombait çà et là en flaques dans les parties moins épaisses du bois ; et juste devant moi une lueur d’une teinte différente apparut entre les arbres. Elle était d’un rouge ardent, et s’obscurcissait un peu de temps à autre, comme si elle fût provenue des tisons d’un brasier expirant.

Malgré tous mes efforts je ne devinais pas ce que ce pouvait être.

J’arrivai enfin aux limites de la clairière. Son extrémité ouest était déjà baignée de clair de lune ; le reste, avec le blockhaus même, reposait encore dans une ombre noire que rayaient de longues stries de lumière argentée. De l’autre côté de la maison, un énorme feu s’était réduit en braises vives dont l’immobile et rouge réverbération formait un vigoureux contraste avec la blanche clarté de la lune. Pas un bruit humain, nul autre son que les frémissements de la brise.

Je m’arrêtai avec beaucoup d’étonnement, et peut-être aussi un peu d’effroi. Ce n’était pas notre usage de faire de grands feux : nous étions, en effet, par ordre du capitaine, assez regardants sur le bois à brûler, et je commençais à craindre que les choses n’eussent mal tourné en mon absence.

Je fis le tour par l’extrémité orientale de la palanque, en me tenant tout contre, dans l’ombre, et, à un endroit propice, où les ténèbres étaient plus épaisses, je franchis la clôture.

Pour plus de sûreté, je me tins à quatre pattes et