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LE CAPITAINE SILVER

survivants qui couraient toujours dans la même direction qu’au début, droit vers le mont du Mât-d’Artimon. Déjà nous étions entre eux et les canots. Aussi nous assîmes-nous tous quatre pour souffler, tandis que Long John, s’épongeant le visage, approchait lentement de nous.

— Mon cordial merci, docteur. Vous êtes arrivé à pic, il me semble, pour moi et pour Hawkins… Et c’est donc toi, Ben Gunn ! Eh bien, tu es gentil, il n’y a pas à dire.

— C’est moi, Ben Gunn, c’est bien moi, répondit le marron, qui dans son embarras se tortillait comme une anguille. Et (ajouta-t-il après un silence prolongé) comment allez-vous, maître Silver ? Très bien, je vous remercie, n’est-ce pas ?

— Ben, Ben ! murmura Silver, dire que tu as causé ma perte !…

Le docteur envoya Ben Gunn rechercher une des pioches abandonnées par les mutins lors de leur fuite ; puis, tandis que nous dévalions sans hâte vers l’endroit où se trouvaient les canots, il raconta brièvement ce qui s’était passé. Cette histoire, dont Ben Gunn, le marron quasi imbécile, était le héros d’un bout à l’autre, intéressa profondément Silver.

Au cours de ses longues rôderies sur l’île déserte, Ben avait découvert le squelette, et c’était lui qui l’avait dépouillé. Il avait découvert le trésor ; il l’avait déterré (c’était le manche brisé de sa pioche qui gisait dans l’excavation) ; il l’avait transporté sur son dos, en de nombreux et pénibles voyages, du pied du grand pin jusque dans la grotte qu’il occupait sur la montagne à deux sommets, à la pointe nord-est de l’île, et c’est là que tout cet or était resté emmagasiné depuis deux mois avant l’arrivée de l’Hispaniola.