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LE VIEUX FLIBUSTIER

— C’est juste, à preuve qu’ils ont laissé leur camoufle ici, cria l’homme de la fenêtre.

— Grouillez donc ! Chambardez la maison, mais trouvez-les-moi ! réitéra Pew, en battant la route de sa canne.

Alors, du haut en bas de notre vieille auberge, il se fit un grand tohu-bohu de lourdes semelles courant çà et là, de meubles renversés et de portes enfoncées, à réveiller tous les échos du voisinage ; puis nos individus reparurent l’un après l’autre sur la route, déclarant que nous étions introuvables. Mais à cet instant le même sifflet qui nous avait inquiétés, ma mère et moi, alors que nous étions à compter l’argent du défunt capitaine, retentit dans la nuit, répété par deux fois. J’avais cru d’abord que c’était là un signal de l’aveugle pour lancer ses troupes à l’assaut ; mais je compris cette fois que le son provenait de la hauteur vers le hameau, et, à en juger par son effet sur les flibustiers, il les avertissait de l’approche du péril.

— C’est encore Dirk, dit l’un. Deux coups, les gars ! Il s’agit de décaniller !

— De décaniller, capon ! s’écria Pew. Dirk n’a jamais été qu’un lâche imbécile, ne vous occupez pas de lui… Ils doivent être tout près. Impossible qu’ils soient loin. Vous les avez à portée de la main. Grouillez et cherchez après, tas de salauds ! Le diable ait mon âme ! Ah ! si j’y voyais !

Cette harangue ne resta pas sans effet ; deux des coquins se mirent à chercher çà et là parmi le saccage, mais plutôt à contrecœur et sans cesser de penser à la menace de danger. Les autres restèrent sur la route, irrésolus.

— Vous avez sous la main des mille et des mille, tas d’idiots, et vous hésitez ! Vous serez riches comme des rois si vous trouvez l’objet. Vous savez