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L’ÎLE AU TRÉSOR

en menant leurs chevaux et parfois les soutenant, le tout dans la crainte d’une surprise. Aussi, quand ils atteignirent la cale, le chasse-marée avait déjà pris la mer. Comme il était encore tout proche, l’inspecteur le héla. Une voix lui répondit qu’il eût à se garer du clair de lune, s’il ne voulait recevoir du plomb. En même temps, une balle siffla, lui éraflant le bras. Peu après, le chasse-marée doubla la pointe et disparut. M. Dance resta là, selon son expression, « comme un poisson hors de l’eau », et il dut se contenter de dépêcher un homme à B… pour avertir le cotre de la douane. Il ajouta : « C’est d’ailleurs bien inutile. Ils ont filé pour de bon, et la chose est réglée. À part cela, je me félicite d’avoir marché sur les cors à M. Pew. » Car à ce moment il avait ouï mon récit.

Je m’en retournai avec lui à l’Amiral Benbow. On ne peut imaginer l’état de saccage où se trouvait la maison. Dans leur chasse frénétique, ces gredins avaient jeté bas jusqu’à l’horloge, et bien qu’ils n’eussent rien emporté que la bourse du capitaine et la monnaie du comptoir, je vis d’un coup d’œil que nous étions ruinés. M. Dance, lui, ne comprenait rien au spectacle.

— Ils ont trouvé l’argent, dites-vous, Hawkins ? Alors, que diantre cherchaient-ils ? D’autre argent, je suppose…

— Non, monsieur, je ne le pense pas, répliquai-je. Au fait, monsieur, je crois avoir l’objet dans ma poche, et, à vrai dire, j’aimerais le mettre en sûreté.

— Bien entendu, mon petit, c’est trop juste. Je vais le prendre, si vous voulez.

— Je songeais que peut-être le docteur Livesey… commençai-je.

— Parfaitement juste, approuva-t-il. Parfaite-