Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/70

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retenir s’il en avait eu le temps, mais il ne put que le suivre.

Juste dans un coin de la ruine deux poutres étaient tombées en croix et protégeaient une place grande comme un banc d’église. Dans ce coin, les deux jeunes gens se blottirent en silence. Ils étaient parfaitement cachés et, par un trou de flèche, ils voyaient le côté opposé.

En regardant par là, ils furent paralysés de terreur en constatant leur position. La retraite était impossible ; à peine osaient-ils respirer. Sur le bord même du fossé, à trente pieds à peine de l’endroit où ils se tenaient accroupis, un chaudron de fonte bouillait et fumait sur un feu brillant. Tout auprès, dans l’attitude de quelqu’un qui écoute, comme s’il avait perçu le bruit de leur ascension parmi les ruines, un homme, grand, à la face rouge et basanée, était debout. Il tenait dans la main droite, une cuillère, et à sa ceinture pendaient une corne et une formidable dague. Sans aucun doute, c’était le chanteur ; et, sans doute aussi, il était en train d’agiter le contenu de la marmite, lorsque le bruit de quelque pas maladroit sur les plâtras, était venu à son oreille ; un peu plus loin, un autre homme sommeillait, étendu et roulé dans un manteau brun ; un papillon voltigeait autour de sa figure. Ils étaient dans un espace découvert, tout blanc de marguerites et, au bout opposé, un arc, un carquois avec des