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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

La réponse était si franche et paraissait si juste, que de nouveau Séraphine respira librement. Sa vanité avait été effarouchée, et le soulagement qu’elle éprouva à ces mots ranima son courage.

— Enfin, dit-elle, tout ceci n’est pas bien à propos. Nous faisons faire antichambre à Frédéric, et j’ignore encore notre ordre de bataille. Allons, mon coamiral ; délibérons ! Comment dois-je le recevoir à présent ? Et que ferons-nous s’il se présente au Conseil ?

— À présent ? répondit-il. Oh ! à présent, je l’abandonne à ma princesse : je l’ai vue à l’œuvre. Qu’elle le renvoie à sa comédie ! Mais, tout en douceur ! ajouta-t-il. Déplairait-il, par exemple, à ma souveraine, d’alléguer une migraine ?

— Jamais ! dit-elle. La femme qui peut gouverner, tout comme l’homme qui peut combattre, ne doit jamais éviter une rencontre. Le chevalier ne peut déshonorer ses armes.

— Alors, reprit-il, que ma belle dame sans merci me permette de la supplier d’affecter la seule qualité qui lui fasse défaut. Ayez pitié du pauvre jeune homme ! Faites semblant de prendre intérêt à ses chasses ! Soyez fatiguée de la politique ! Trouvez, pour ainsi dire, dans sa société, une agréable récréation à l’aridité des affaires ! Ma princesse approuve le plan de bataille ?

— Enfin tout cela n’est qu’un détail, répondit Séraphine. Le Conseil… voilà la question.

— Le Conseil ? s’écria Gondremark. Que Madame me permette !

Il se leva et commença à se trémousser par la chambre, en imitant, non sans vraisemblance, la