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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

les annales de votre règne. Les acclamations des armées ne sauraient être plus éloquentes que l’émotion visible sur ces visages d’honnêtes gens. Et le notaire de Brandenau salua, sautilla, se recula et huma une prise, avec tout l’air d’un homme qui a trouvé une belle occasion et ne l’a pas laissé échapper.

— Eh bien, mon jeune gentilhomme, dit Killian, en vous demandant de pardonner ma simplicité si je vous appelle gentilhomme, vous avez, je n’en doute pas, accompli plus d’une bonne chose en votre vie, mais jamais une meilleure que celle-ci, voyez-vous… ni une qui sera plus bénie de la Providence. Et, quels que soient votre bonheur et vos triomphes dans cette haute position où vous avez été appelé, ils ne souffriront pas, Monseigneur, de la bénédiction d’un vieillard.

La scène tournait à l’ovation, et quand le prince put s’échapper il se sentait possédé d’une unique idée, qui était de n’aller que là où il serait sûr de trouver le plus de louanges. Sa conduite à la table du Conseil lui revint en tête comme un assez beau chapitre, et cela lui remit Gotthold en mémoire. Il irait donc trouver Gotthold.

Gotthold était, comme d’habitude, dans la bibliothèque, et, quand Othon fit son entrée, il jeta sa plume sur la table, d’un air un peu irrité. — Ah ! dit-il, te voilà donc !

— Eh bien, répondit Othon, nous avons fait une révolution, ce me semble.

— C’est ce que je crains, riposta le docteur.

— Comment dis-tu ? C’est ce que tu crains ? fit Othon. Bah ! la crainte, c’est l’enfant brûlé. J’ai