Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XIV

OÙ L’ON RACONTE LA CAUSE ET LE COMMENCEMENT DE LA RÉVOLUTION


Quelque brave qu’elle pût être, et brave d’intelligence, la princesse, dès qu’elle se trouva seule, dut se cramponner à la table pour ne pas tomber. Les quatre coins de son univers s’étaient écroulés. Jamais elle n’avait vraiment aimé ce Gondremark ni mis en lui une entière confiance, elle avait toujours considéré la fausseté de son amitié comme chose possible. Mais de là à le trouver dénué de toutes ces vertus publiques pour lesquelles elle l’avait honoré, à ne plus voir en lui qu’un vulgaire intrigant qui s’était servi d’elle pour ses propres fins, le pas certes était grand, et la descente vertigineuse. La lumière et la nuit se succédaient tour à tour dans son cerveau ; un instant elle croyait, l’instant d’après elle ne pouvait plus croire. Elle se retourna, et sans regarder, de la main chercha le billet. Mais la Rosen, qui s’était souvenue de reprendre le mandat au prince, n’était pas femme à négliger de reprendre aussi son billet à la princesse. La Rosen était femme