Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
HEUREUSE INFORTUNE

se montrer sous un jour fort différent. Othon était venu la trouver, tout frémissant encore sous le coup d’une insulte récente, ayant à peine eu le temps de recouvrer haleine après avoir livré bataille pour elle. Sachant cela, maintenant, quelle nouvelle valeur venait s’attacher à ses paroles ! Oui, il l’aimait… c’était là de la vaillance, et non pas de la faiblesse. Et elle ? Était-elle incapable d’amour ? C’était à le croire, hélas ! Et Séraphine renfonça ses larmes, brillant de revoir Othon, de tout expliquer, de demander à deux genoux pardon pour ses péchés, et, si maintenant toute autre forme d’amende était devenue impossible, de lui rendre au moins la liberté dont elle l’avait privé. Elle se remit en route avec ardeur le long de la chaussée, perdant de vue et retrouvant tour à tour le haut donjon perché sur la hauteur devant elle, et bleui par l’air des montagnes, selon les tournants que prenait le chemin parmi les ravins et les rochers.