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VII

Du caractère et des progrès de M. Rowley.


Au Dragon Vert, Rowley m’attendait sur le seuil avec les bagages ; et je devinai tout de suite qu’il mourait d’impatience de me confier un secret. « Qui croyez-vous que j’aie trouvé ici, monsieur ? commença-t-il tout d’une traite dès que la chaise se remit en route. Des Poitrines Rouges ! »

Et il hochait la tête, expressivement.

« Des Poitrines Rouges ? répétai-je, ne comprenant pas trop ce qu’il voulait dire.

— Eh oui ! des gilets rouges ! des agents de Bow Street ! Il y en avait deux, et l’un des deux était Lavender lui-même, un des plus connus de la bande ! J’ai entendu l’autre lui dire, tout simplement : « Je suis prêt, monsieur Lavender ! » Ils déjeunaient pas plus loin de moi que le postillon qui est là ! Mais tout va bien : ce n’est pas nous qu’ils cherchent. Ils cherchent un homme qui a fait de faux papiers : ils me l’ont dit. Et ce que je les ai envoyés sur une fausse piste ! J’ai pensé qu’il n’y avait point de profit pour nous à les avoir sur notre route ; je leur ai donc offert « des renseignements très précieux », comme me l’a dit M. Lavender, qui a même daigné me donner six pence pour me remercier ; et les voilà partis sur le chemin de Luton ! Figurez-vous, monsieur, que l’autre, celui dont je ne sais pas le nom, m’a montré des menottes, qu’il avait toutes prêtes ! Et je vous assure que