Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/148

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diverses idées de philanthropie, de bon sens, de vertu civique, etc.

Mais puis-je nommer l’idée ma propriété, tant qu’elle est l’idée de l’humanité, et puis-je considérer l’Esprit comme vaincu, tant que je dois le servir et « me sacrifier » pour lui ?

L’Antiquité à son déclin ne parvint à faire du monde sa propriété qu’après avoir brisé sa suprématie et sa « divinité », et s’être pénétrée de son impuissance et, de sa « vanité ». Ma position en face de l’Esprit est identique : si je puis le réduire à n’être plus qu’un fantôme, et rabaisser la puissance qu’il exerce sur moi au rang de marotte, il ne paraîtra plus ni saint, ni sacré, ni divin, et je me servirai de lui au lieu de le servir, comme je me sers de la nature à ma guise et sans le moindre scrupule.

La « nature des choses », la « notion des rapports » doivent me guider : la nature des choses m’enseigne comment je dois me comporter envers elles, la notion des rapports m’apprend à en conclure.

Comme si l’« idée d’une chose » existait par elle-même et n’était pas plutôt l’idée qu’on se fait d’une chose ! Comme si le rapport que je conçois n’était pas unique, par le fait que moi qui le conçois je suis unique ! Qu’importe la rubrique sous laquelle les autres le rangent ! Mais de même qu’on a séparé « l’essence de l’homme » de l’homme réel, et qu’on juge celui-ci d’après celle-là, de même on a séparé l’homme réel de ses actes, auxquels on applique comme critrium la « dignité humaine ». Les idées doivent décider de tout, ce sont des idées qui gouvernent la vie, ce sont des Idées qui règnent. Tel est le monde religieux, auquel Hegel a donné une expression systématique, lorsque, mettant de la méthode dans l’absurdité, il assit sur les lois de la logique les fondations profondes de tout son édifice dogmatique. Les idées nous font la loi, et l’homme réel, c’est-à-dire Moi, est forcé de vivre d’après ces lois de la logique. Peut-il y avoir