Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais il n’en est rien. Les Affranchis ne sont que des « Modernes », les plus modernes d’entre les modernes ; si nous leur faisons l’honneur d’une étude à part, c’est uniquement parce qu’ils sont le présent et que le présent mérite avant tout de fixer notre attention. J’emploie le nom d’Affranchis comme un synonyme de Libéraux, mais je dois remettre à plus tard l’examen de l’idée de Liberté comme de plusieurs autres d’ailleurs, auxquelles je ne pourrai non plus éviter de faire dès à présent allusion.


§ 1. — Le Libéralisme politique


Au XVIIIe siècle, lorsqu’on eut vidé jusqu’à la lie la coupe du pouvoir dit absolu, on s’aperçut trop nettement que le breuvage qu’elle offrait aux hommes ne pouvait être de leur goût, pour ne pas sentir le désir de boire à un autre verre.

Étant des « Hommes », nos pères voulurent être considérés comme des hommes. Quiconque voit en nous autre chose, nous le regardons comme étranger à l’humanité, inhumain ; pourquoi le traiterions-nous humainement ? Celui au contraire qui reconnaît en nous des hommes et nous garantit contre le danger d’être traités autrement que des hommes, nous l’honorons comme notre soutien et notre protecteur.

Unissons-nous donc, et soutenons-nous mutuellement ; notre association nous assure la protection dont nous avons besoin, et nous, les associés, formons une communauté dont les membres reconnaissent leur qualité d’hommes, et dont ce nom d’ « hommes » est le signe de ralliement. Le produit de notre association est l’État ; nous, ses membres, nous formons la Nation.

En tant que réunis dans la Nation ou l’État, nous ne sommes que des hommes. Qu’en outre, en tant