Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/166

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la vérité de cette remarque : les cheveux des pires mauvais sujets grisonnent sur des crânes de philistins.

Ce qu’on appelle en Allemagne la Réaction apparaît également comme le prolongement réfléchi de l’accès d’enthousiasme provoqué par la guerre pour la liberté.

La Révolution n’était pas dirigée contre l’ordre en général, mais contre l’ordre établi, contre un état de choses déterminé. Elle renversa un certain gouvernement et non le gouvernement ; les Français ont, au contraire, été depuis écrasés sous le plus inflexible des despotismes. La Révolution tua de vieux abus immoraux, pour établir solidement des usages moraux, c’est-à-dire qu’elle ne fit que mettre la vertu à la place du vice (vice et vertu diffèrent, comme le mauvais sujet et, le philistin). Jusqu’à ce jour, le principe révolutionnaire n’a pas changé : ne s’attaquer qu’à l’une ou l’autre institution déterminée, en un mot, réformer. Plus on a amélioré, plus la réflexion qui vient ensuite met de soins à conserver le progrès réalisé. Toujours un nouveau maître est mis à la place de l’ancien, on ne démolit que pour reconstruire, et toute révolution est une — restauration. C’est toujours la différence entre le jeune et le vieux philistin. La Révolution a commencé en petite-bourgeoise par l’élévation du tiers état, de la classe moyenne, et elle monte en graine sans être sortie de son arrière-boutique.

Celui qui est libre, ce n’est pas l’homme en tant qu’individu, — et lui seul l’homme — mais c’est le bourgeois, le « citoyen » *, l’homme politique, lequel n’est pas un homme, mais un exemplaire de l’espèce bourgeoise, un citoyen libre.

Dans la Révolution, ce ne fut pas l’individu qui agit et dont l’action eut une valeur historique, mais