Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/181

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que le travail est la « destination » et la « vocation » de l’homme.

Aussi le Communisme s’offre-t-il sous un double aspect : d’une part, il attache grande importance à la satisfaction de l’homme spirituel ; d’autre part, il avise aux moyens de satisfaire l’homme matériel ou charnel. Il pourvoit l’homme d’un double bénéfice, à la fois matériel et spirituel.

La Bourgeoisie avait proclamé libres les biens spirituels et matériels, et s’en était remise à chacun du soin de chercher à obtenir ce qu’il convoitait. Le Communisme donne réellement ces biens à chacun, les lui impose, et l’oblige à en tirer parti ; considérant que ce ne sont que les biens matériels et spirituels qui font de nous des hommes, il regarde comme essentiel que nous puissions acquérir ces biens sans que rien nous fasse obstacle, afin d’être hommes. La Bourgeoisie rendait la production libre, le Communisme force à la production et n’admet que les producteurs, les artisans. Il ne suffit pas que les professions te soient ouvertes, il faut que tu en pratiques une.

Il ne reste plus à la Critique qu’à démontrer que l’acquisition de ces biens ne fait encore nullement de nous des hommes.

Le postulat du Libéralisme, en vertu duquel chacun doit faire de soi un homme et acquérir une « humanité », implique la nécessité pour chacun d’avoir le temps de se consacrer à cette « humanisation » et de travailler à soi-même.

Le Libéralisme politique pensait avoir fait le nécessaire en livrant à la concurrence tout le champ de l’activité humaine et en permettant à l’individu de tendre vers tout ce qui est humain. « Que tous puissent lutter contre tous. »

Le Libéralisme social juge cette permission insuffisante, parce que « permis « signifie simplement « qui n’est défendu à personne » et non « qui est rendu