Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/196

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Lorsque la Critique exhorte les hommes à être « humains », elle formule la condition indispensable de la sociabilité ; car ce n’est qu’en tant qu’on est homme parmi les hommes que l’on peut vivre avec eux en société. Elle montre aussi son but social, la fondation de la « société humaine ».

La Critique est incontestablement la plus parfaite de toutes les théories sociales, parce qu’elle écarte et annihile tout ce qui sépare l’homme de l’homme : tous les privilèges, et jusqu’au privilège de la foi. Elle a achevé de purifier et a systématisé le vrai principe social, le principe d’amour du Christianisme, et c’est elle qui aura fait la dernière tentative possible pour dépouiller les hommes de leur exclusivisme et de leur foncière inimitié, en luttant corps à corps avec l’Égoïsme sous sa forme la plus primitive et par conséquent la plus dure, l’unicité ou l’exclusivisme.

« Comment pouvez-vous vivre d’une vie vraiment sociale, tant qu’il reste en vous la moindre trace d’exclusivisme, la moindre chose qui n’est que vous et rien que vous ?

Je demande au contraire : Comment pouvez-vous être vraiment uniques, tant qu’il reste entre vous la moindre trace de dépendance, la moindre chose qui n’est pas vous et rien que vous ? Tant que vous restez enchaînés les uns aux autres, vous ne pouvez parler de vous au singulier ; tant qu’un « lien » vous unit, vous restez un pluriel, à vous douze vous faites la douzaine, à mille vous formez un peuple, et à quelques millions l’humanité !

« Ce n’est que par votre humanité que vous pouvez avoir commerce les uns avec les autres en tant qu’hommes, de même que grâce seulement à votre patriotisme vous pouvez vous entendre comme patriotes ! »

Soit, mais je réponds : Ce n’est que si vous êtes uniques que vous pouvez avoir commerce les uns