Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/208

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un fantôme : la Loi ou l’État. — Le Libéralisme social à son tour supprima l’inégalité résultant de la possession, l’inégalité du riche et du pauvre et fit l’homme sans biens ou sans propriété. La propriété retirée à l’individu revint au fantôme : la Société. — Enfin, le Libéralisme humain ou humanitaire fait l’homme sans dieu, athée : le dieu de l’individu, « mon Dieu », doit donc disparaître. Où cela nous mène-t-il ? La suppression du pouvoir personnel entraîne nécessairement suppression du servage, la suppression de la propriété entraîne suppression du besoin, et la suppression du dieu implique suppression des préjugés, car, avec le maître déchu s’en vont les serviteurs, la propriété emporte les soucis qu’elle procurait, et le dieu qui chancelle et s’abat comme un vieil arbre arrache du sol ses racines, les préjugés. Mais attendons la fin. Le maître ressuscite sous la forme État, et le serviteur reparaît : c’est le citoyen, l’esclave de la loi, etc. — Les biens sont devenus la propriété de la Société, et la peine, le souci renaissent : ils se nomment travail. — Enfin, Dieu étant devenu l’Homme, c’est un nouveau préjugé qui se lève et l’aurore d’une nouvelle foi : la foi dans l’Humanité et la Liberté. Au dieu de l’individu succède le dieu de tous, l’ « Homme » : « Le degré suprême où nous puissions aspirer à nous élever serait d’être Homme ! » Mais comme nul ne peut réaliser complètement l’idée d’Homme, l’Homme reste pour l’individu un au-delà sublime, un être suprême inaccessible, un dieu. De plus, celui-ci est le « vrai dieu », parce qu’il nous est parfaitement adéquat, étant proprement « nous-même » ; nous-même, mais séparé de nous et élevé au-dessus de nous.


Post-Scriptum


Les observations qui précèdent sur la « libre critique humaine » et celles que j’aurai encore à faire