Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/209

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par la suite sur les écrits de tendance parallèle ont été notées au jour le jour, à mesure que paraissaient les livres auxquels elles se rapportent ; je n’ai guère fait ici que mettre bout à bout les appréciations fragmentaires que m’avaient suggérées mes lectures. Mais la Critique est en perpétuel progrès et chaque jour il se trouve qu’elle a fait quelques pas en avant ; aussi est-il nécessaire, aujourd’hui que j’ai écrit le mot fin au bout de mon livre, de jeter un coup d’œil en arrière et d’intercaler ici quelques remarques en forme de post-scriptum.

J’ai devant moi le huitième et dernier fascicule paru de l’Allgemeine Literaturzeitung (Revue générale de la littérature) de Bruno Bauer.

Dès les premières lignes, il nous est de nouveau parlé des « intérêts généraux de la Société ». Mais la Critique s’est recueillie et donne à cette « Société » une signification nouvelle, par laquelle elle se sépare radicalement de l’« État » avec lequel elle était restée jusqu’à présent plus ou moins confondue. L’État, naguère encore célébré sous le nom d’« État libre », est définitivement abandonné, comme foncièrement incapable de remplir le rôle de « Société humaine ». La Critique s’est vue, en 1842, « momentanément obligée d’identifier les intérêts humains et les intérêts politiques », mais elle s’est aperçue depuis que l’État, même sous la forme d’ « État libre », n’est pas la société humaine, ou, pour parler sa langue, que le peuple n’est pas l’ « Homme ».

Nous avons vu la Critique faire table rase de la théologie et prouver clairement que le Dieu succombe devant l’Homme ; nous la voyons à présent jeter par-dessus bord la politique et démontrer que devant l’Homme, peuples et nationalités s’évanouissent. Aujourd’hui qu’elle a rompu avec l’Église et l’État en les déclarant tous deux inhumains, nous ne tarderons pas à la voir se faire fort de prouver qu’à côté de l’Homme, la « masse », qu’elle-même appelle