Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/255

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langue indigente n’a pas de mot pour Me dire, et le « verbe », le logos, n’est, lorsqu’il s’applique à Moi, qu’un « vain mot ».

On cherche mon essence. Ce n’est pas le Juif, l’Allemand, etc., c’est — l’Homme. « L’Homme est mon essence. »

Je me suis désagréable ou antipathique, je me répugne, je me dégoûte et me fais horreur, ou bien ne suis jamais assez et ne fais jamais assez pour moi. De tels sentiments naît soit l’autonégation, soit l’autocritique. La religiosité commence avec l’abnégation et finit par la critique radicale.

Je suis possédé et je veux exorciser l’ « Esprit malin ». Que faire ? — Commettre hardiment le péché le plus noir aux yeux des Chrétiens : blasphémer le Saint-Esprit. « Si quelqu’un blasphème contre le Saint-Esprit, il n’en recevra jamais le pardon et restera chargé d’une condamnation éternelle 1. » Je ne veux pas de pardon et ne crains pas le châtiment.

L’Homme est le dernier des mauvais Esprits, le dernier fantôme et le plus fécond en impostures et en tromperies ; c’est le plus subtil menteur qui se soit jamais caché sous un masque d’honnêteté, c’est le père des mensonges.

L’Égoïste qui s’insurge contre les devoirs, les aspirations et les idées qui ont cours commet impitoyablement la suprême profanation : rien ne lui est sacré !

Il serait absurde de soutenir qu’il n’est point de puissances supérieures à la mienne. Mais la position que je prendrai à leur égard sera toute différente de ce qu’elle eût été dans les âges religieux : je serai l’ennemi de toute puissance supérieure, tandis que la religion nous enseigne à nous en faire une amie et à être humbles envers elle.

Le sacrilège concentre ses forces contre toute crainte