Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/260

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droit de la Société ». Par lui, l’individu devient l’esclave de la Société, il n’a de droits que si la Société lui en donne, c’est-à-dire s’il vit selon les lois de la Société, en homme légal. Que je sois légal sous un gouvernement despotique ou dans une société telle que la rêve Weitling, je n’en ai pas moins aucun droit car, dans un cas comme dans l’autre, tout ce que je puis avoir n’est pas mon droit, mais un droit étranger à moi.

Lorsqu’on parle de droit, il est une question qu’on se pose toujours : « Qui, ou quelle chose, me donne le droit de faire ceci ou cela ? » Réponse : « Dieu, l’Amour, la Raison, l’Humanité, etc. ! » Eh ! non, mon ami : ce qui te le donne, ce droit, c’est ta force, ta puissance, et rien d’autre (ta raison, par exemple, peut te le donner).

Le Communisme, qui admet que les hommes « ont naturellement des droits égaux », se contredit en soutenant que les hommes ne tiennent, de la nature aucun droit : en effet, il n’admet pas, par exemple, que la nature donne aux parents des droits sur leurs enfants et à ces derniers des droits sur leurs parents : il supprime la famille. La nature ne donne absolument aucun droit aux parents, aux frères et aux sœurs, etc.

Au fond, ce principe nettement révolutionnaire ou babouviste repose sur une conception religieuse, autrement dit, fausse. Qui peut s’enquérir du « Droit » s’il ne se place au point de vue religieux ? Le « Droit » n’est-il pas une notion religieuse, c’est-à-dire quelque chose de sacré ? L’ « égalité des droits » que proclama la Révolution n’est, sous un autre nom, que l’ « égalité chrétienne », l’égalité fraternelle qui règne entre les enfants de Dieu, entre les Chrétiens ; c’est, en un mot, la fraternité *.