Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/265

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par l’Assistance publique, et enfin de gagner ma croûte et mon hareng dans une houillère ou une filature ? Ne sont-ce pas là des droits innés, congénitaux, des droits que mes parents m’ont transmis par le fait même qu’ils m’ont donné naissance ? Vous répondrez que non, que c’est là un emploi abusif du mot droits, et que ce sont précisément ces prétendus droits que vous vous efforcez de remplacer par le véritable droit de naissance. Pour fonder celui-ci, vous le réduisez à sa plus simple expression, et vous soutenez que chacun est, de par sa naissance, l’égal de son voisin, autrement dit un homme. Je vous accorde que tous naissent hommes, et qu’en cela tous sont égaux.

Mais pourquoi le sont-ils ? Pour cette seule raison qu’ils ne se montrent, se manifestent encore que comme de simples — enfants des hommes, de petits hommes nus. Et c’est en cela qu’ils se distinguent immédiatement de ceux qui ont déjà pu tirer d’eux-mêmes quelque chose, qui se sont faits quelque chose et ont cessé d’être uniquement « enfants des hommes » pour devenir fils de — leur propre activité créatrice. Ces derniers possèdent plus que les simples droits trouvés dans leur berceau : ils ont acquis des droits. Quel sujet de discussions, et quel champ de bataille ! C’est le vieux combat des droits innés de l’homme et des droits acquis qui se rallume. Alléguez vos droits innés, et quelqu’un ne manquera pas de vous objecter les droits acquis ; vous vous appuyez tous deux sur le « terrain du droit », car chacun a un « droit » qui s’oppose à celui des autres : l’un a un droit inné ou naturel, l’autre un droit acquis et « bien acquis ».

Tant que vous vous tiendrez sur le terrain du droit, vous ne sortirez pas de la — chicane et vous ergoterez indéfiniment. Autrui ne peut ni vous donner raison, ni faire que vous ayez raison. Celui qui a pour lui la force a pour lui — le droit ; si l’une vous manque, vous n’aurez pas non plus l’autre. Contemplez