Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/309

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sa police à enrayer toute activité libre ; en jouant ce rôle de bâton dans les roues, il croit (avec raison d’ailleurs, car sa conservation est à ce prix) remplir son devoir. L’État veut faire de l’homme quelque chose, il veut le façonner ; aussi l’homme, en tant que vivant dans l’État, n’est-il qu’un homme factice ; quiconque veut être soi-même est l’adversaire de l’État et n’est rien. « Il n’est rien signifie : l’État ne l’utilise pas, ne lui accorde aucun titre, aucun emploi, aucune commission, etc.

Edgar Bauer, dans ses Liberalen Bestrebungen (Revendications libérales, II, 50), rêve d’ « un gouvernement qui, issu du Peuple, ne puisse jamais se trouver en opposition avec lui. Il est vrai qu’il retire lui-même (p. 69) le mot « gouvernement » : « Dans une république, il ne peut y avoir de gouvernement, il n’y a de place que pour un pouvoir exécutif. Pure et simple émanation du Peuple, ce pouvoir ne pourrait lui opposer ni une puissance indépendante, ni des principes et des fonctionnaires à lui ; il n’aurait d’autre fondement et son autorité et ses principes n’auraient d’autre source que le Peuple, unique et suprême puissance de l’État. La notion de gouvernement est incompatible avec celle d’État démocratique. » Mais cela revient au même. Tout ce qui émane, découle ou dérive d’une chose en devient indépendant et, comme l’enfant sorti du sein de la mère, se met immédiatement en opposition avec elle. Le gouvernement, sans ce caractère d’indépendance et d’opposition, ne serait rien du tout.

« Dans l’État libre, il n’y a pas de gouvernement, etc. » (p. 94). Ceci veut simplement dire que le Peuple, lorsqu’il est le souverain, ne se laisse pas régenter par une puissance supérieure. Mais en est-il autrement dans la monarchie absolue ? Qui dit souverain exclut toute idée d’une puissance supérieure. Que le souverain s’appelle Prince ou Peuple, jamais il ne peut y avoir un gouvernement au-dessus de lui, cela va de soi. Mais