Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/318

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constitution de l’État, etc.), mais de Moi. Toutes les questions relatives à la puissance souveraine, à la constitution, etc., retombent ainsi dans l’abîme dont elles n’auraient pas dû sortir, leur néant. Moi, ce rien, je ferai jaillir de moi-même mes créations.



Au chapitre de la Société se rattache celui du « parti » dont on a en ces derniers temps chanté les louanges.

Il y a dans l’État des partis. « Mon Parti ! Qui voudrait ne pas prendre parti ! » Mais l’individu est unique et n’est pas membre d’un parti. Il s’unit librement et se sépare ensuite librement. Un parti n’est autre chose qu’un État dans l’État, et la « paix » doit régner dans ce petit essaim d’abeilles comme dans le grand. Ceux-là mêmes qui proclament avec le plus d’énergie qu’il faut qu’il y ait dans l’État une opposition sont les premiers à s’indigner contre la discorde des partis. Preuve qu’eux non plus ne veulent qu’un — État. C’est contre l’Individu, et non contre l’État, que se brisent tous les partis.

Il n’est rien qu’on entende plus souvent aujourd’hui que l’exhortation à rester fidèle à son parti ; les hommes de parti ne méprisent rien tant qu’un renégat. On doit marcher les yeux fermés à la suite de son parti, et approuver et adopter sans réserve tous ses principes. En vérité, le mal n’est pas aussi grand ici que dans certaines sociétés qui lient leurs membres par des lois ou statuts fixes et immuables (par exemple, les ordres religieux, la société de Jésus, etc.). Mais le parti cesse d’être une association dès le moment où il veut rendre obligatoires certains principes et les mettre au-dessus de toute discussion et de toute atteinte ; c’est précisément ce moment qui marque la naissance du parti. Sitôt le parti constitué et en tant que parti, il est une société née, une alliance morte, une idée devenue idée fixe. Le parti de l’absolutisme