Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/338

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Aussi leurs doctrines sont-elles la continuation et la conséquence du principe chrétien, du principe d’amour, de sacrifice, de dévouement à une généralité abstraite, à un « étranger ». En ce qui concerne la propriété, par exemple, ils ne font que compléter et consacrer doctrinalement ce qui existe en fait depuis longtemps, l’incapacité de l’individu à être propriétaire. Lorsque la loi nous déclare que ad reges potestas omnium pertinet, ad singulos proprietas ; omnia rex imperio possidet, singuli dominio, cela signifie : le roi est propriétaire, car lui seul peut user et disposer de « tout », il a sur tout potestas et imperium. Les Communistes ont rendu la chose plus claire en dotant de cet imperium la « Société de tous ». Donc : étant des ennemis de l’égoïsme, ils sont des — Chrétiens, ou, d’une façon plus générale, des hommes religieux, des visionnaires, subordonnés et asservis à une généralité, à une abstraction quelconque (Dieu, la Société, etc.).

Proudhon se rapproche encore des Chrétiens en ce qu’il accorde à Dieu ce qu’il dénie aux hommes : il le nomme (loc. cit., p. 90) le propriétaire de la terre. Il montre ainsi qu’il ne peut se délivrer de l’idée qu’il doit exister quelque part un propriétaire ; il conclut en définitive à un propriétaire, qu’il place seulement dans l’au-delà.

Le propriétaire, ce n’est ni Dieu ni l’Homme (la « Société humaine »), c’est — l’Individu.



Proudhon (comme Weitling) croit faire la pire injure à la propriété en la qualifiant de « vol ». Sans vouloir soulever cette question embarrassante : « Y a-t-il une objection bien sérieuse à faire au vol ? », nous demanderons simplement : L’idée de « vol » peut-elle subsister si on ne laisse pas subsister l’idée de « propriété » ? Comment pourrait-on voler, s’il n’y avait pas de propriété ? Ce qui n’appartient à personne