Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/353

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l’exige ! Demande-le-moi d’abord bien gentiment, et nous verrons ensuite ce qu’il y a à faire. »

Voilà à quoi se réduit la « liberté » de la concurrence. Il faut que l’État, mon seigneur et maître, me confère l’aptitude à concourir.

Mais aussi, sont-ce bien en réalité les personnes qui concourent ? Non, encore une fois, ce sont les choses ! L’argent en première ligne, etc.

Dans la lutte, il y aura toujours des vaincus (ainsi le poète médiocre devra céder la palme, etc.). Mais ce qu’il importe de distinguer, c’est d’abord si les moyens qui font défaut au concurrent malheureux sont personnels ou matériels, et, en second lieu, si les moyens matériels peuvent s’acquérir à force d’énergie personnelle, ou si l’on ne peut les obtenir que par faveur, en simples dons, le pauvre, par exemple, étant forcé de laisser au riche sa richesse, c’est-à-dire de lui en faire cadeau. En somme, s’il faut que j’attende l’autorisation de l’État pour avoir les moyens ou les mettre en œuvre (comme c’est le cas, par exemple, lorsqu’il s’agit d’un diplôme), ces moyens sont une grâce que l’État m’accorde .


Tel est, au fond, le sens de la libre concurrence : l’État considère tous les hommes comme ses enfants et comme égaux ; libre à chacun de faire tout son possible pour mériter les biens et les faveurs dont l’État est le dispensateur. Aussi tous se lancent à la poursuite de la fortune, des biens (argent, emplois, titres, etc.), en un mot des moyens matériels.

Au sens bourgeois, tout homme possède, chacun est «