Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/358

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pas un liard ni de lui ni de son travail.

Lorsqu’on dit que la concurrence met tout à la portée de tous, on s’exprime d’une façon inexacte ; il est plus juste de dire que grâce à elle tout est à vendre. En mettant tout à la disposition de tous, elle le livre à leur appréciation et en demande un prix.

Mais les amateurs manquent le plus souvent du moyen de se faire acheteurs : ils n’ont pas d’argent. On peut, avec de l’argent, se procurer tout ce qui est à vendre, mais justement c’est l’argent qui fait défaut. Où prendre l’argent, cette propriété mobile ou circulante ? Sache donc que tu as autant d’argent que tu as de — puissance, car tu as la valeur que tu sais te donner.

On ne paie pas avec de l’argent, dont on peut être à court, mais avec sa richesse, son « pouvoir », car on n’est propriétaire que de ce dont on est maître.

Weitling a imaginé un nouvel instrument d’échange, le travail. Mais le véritable instrument de paiement reste encore, comme toujours, notre richesse : Tu paies avec ce que tu as « en ton pouvoir ». Songe donc à augmenter ta richesse !

En concédant tout cela, on est tout près de répéter la maxime : « À chacun selon ses moyens. » Mais qui me donnera « selon mes moyens » ? La Société ? Je devrais pour cela me soumettre à son estimation. Non. Je prendrai selon mes moyens.


« Tout appartient à tous ! » cette proposition procède aussi d’une théorie futile. À chacun appartient seulement ce qu’il peut. Lorsque je dis : le monde est à moi, c’est là aussi une phrase vide de sens, à moins que je ne veuille simplement faire entendre que je ne respecte aucune propriété étrangère. Cela seul est à moi que j’ai en mon pouvoir, qui dépend de ma force.

On n’est pas digne d’avoir ce que par faiblesse on se laisse prendre ; on n’est pas digne de le garder parce qu’on n’est pas capable de le garder.

On fait grand bruit de l’ « injustice séculaire » des