Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/370

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traits du visage, l’« effigie » présentent un caractère nouveau.

Revenons-en enfin encore une fois à la concurrence. La concurrence doit précisément son existence à ce que personne ne s’occupe de ses affaires et ne songe à s’entendre avec les autres à leur sujet. Le pain, par exemple, est un objet de première nécessité pour tous les habitants d’une ville. Donc, rien de plus naturel que de s’accorder pour établir une boulangerie publique. Au lieu de cela, on abandonne cette indispensable fourniture à des boulangers qui se font concurrence. Et ainsi de la viande aux bouchers, du vin aux marchands de vin, etc.

Abolir le régime de la concurrence ne veut pas dire favoriser le régime de la corporation. Voici la différence : dans la corporation, faire le pain, etc., est l’affaire des compagnons ; sous la concurrence, c’est l’affaire de ceux à qui il plaît de concourir ; dans l’association, c’est l’affaire de ceux qui ont besoin de pain, par conséquent la mienne, la vôtre : ce n’est l’affaire ni des compagnons, ni des boulangers patentés, mais bien celle des associés.

Si je ne m’inquiète pas de mes affaires, il faut bien que je me contente de ce qu’il plaît à d’autres de me donner. Or, avoir du pain est mon affaire, j’en veux, je ne puis m’en passer ; et pourtant on s’en remet aux boulangers, sans autre espoir que d’obtenir de leur discorde, de leur jalousie, de leur rivalité, en un mot de leur concurrence, un avantage sur lequel on ne pouvait pas compter avec les membres des corporations, qui étaient entièrement et exclusivement en possession du monopole de la boulangerie. Ce dont chacun a besoin, chacun aussi devrait participer à sa production ou à sa fabrication : c’est son affaire, sa propriété, et non la propriété des membres de telle corporation ou de tel patron patenté.

Jetons encore un regard en arrière. Le monde appartient aux enfants de ce monde, aux enfants des