Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/382

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un rêve, une illusion, tout comme l’ « unité de l’Allemagne ».

« La presse est à Moi dès que je m’appartiens, dès que je suis mon propriétaire : Le monde est à l’égoïste, parce que l’égoïste n’appartient à aucune puissance du monde.

« Cela étant, il se peut très bien que la presse, quoique mienne, soit encore très peu libre, comme c’est le cas en ce moment. Mais le monde est grand, et on se tire d’affaire comme on peut. Si je consentais à renoncer à la propriété de ma presse, j’arriverais facilement à faire imprimer partout tout ce que ma plume produit. Mais comme je veux affirmer ma propriété, il faut bien que j’en vienne aux mains avec mes ennemis.

— N’accepterais-tu pas leur permission si on te l’accordait ?

— Oui, certes, et avec plaisir, car leur permission me prouverait que je les ai aveuglés et que je les mène à l’abîme. Ce n’est pas leur permission que je veux, mais leur aveuglement et leur défaite. Si je la sollicite, cette permission, ce n’est pas parce que j’espère, comme les politiciens libéraux, qu’eux et moi pourrions vivre en paix côte à côte, et même nous soutenir, nous entraider réciproquement. Non. Si je la sollicite, c’est pour m’en faire une arme contre eux, c’est pour faire disparaître ceux-là mêmes qui me l’auront accordée.

« J’agis consciemment comme un ennemi, je prends mes avantages et je profite de leur imprévoyance.

« La presse n’est à moi que si j’en use sans reconnaître absolument aucun juge en dehors de moi-même, c’est-à-dire que si je ne suis plus déterminé ni par la religion, ni par la morale, ni par le respect des lois de l’État, etc., mais par Moi seul et par mon égoïsme ! »

Qu’avez-vous à répliquer à celui qui vous fait une réponse si insolente ? Mais peut-être la question sera-t-elle mieux posée sous la forme suivante : À qui est