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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/388

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aux acclamations de la foule, son sublime besoin de — vengeance. Car l’un des deux seul peut vivre, la loi morale ou le criminel : où les criminels restent impunis, la loi morale succombe, et où celle-ci règne, ceux-là doivent tomber. Leur antagonisme est impérissable.

L’ère chrétienne est l’ère de la miséricorde, de l’amour, du souci de rendre aux hommes ce qui leur appartient et de les guider vers l’accomplissement de leur vocation humaine (divine). Aussi toutes les relations humaines ont-elles pour base cette considération : telle et telle chose constituent l’essence de l’homme, et, par conséquent, lui tracent la destinée à laquelle il est appelé soit par Dieu, soit (selon les idées d’aujourd’hui) par sa qualité d’Homme (sa race). De là le prosélytisme. Bien que les Communistes et les Humanitaires attendent de l’homme plus que les Chrétiens, leur point de vue reste le même. À l’homme doit appartenir tout ce qui est humain. S’il suffisait aux pieux que l’homme eût en partage ce qui est de Dieu, les Humanitaires exigent que rien ne lui soit refusé de ce qui est de l’Homme. Quant à ce qui est de l’Égoïste, les uns et les autres le repoussent énergiquement. Cela est parfaitement naturel, car ce qui est l’œuvre de l’égoïsme ne peut être accordé ni concédé (en fief) : il faut qu’on le crée soi-même. Le reste, l’amour me l’accordait ; ceci, Moi seul puis me le donner.

Jusqu’à présent, les relations ont été fondées sur l’amour, les égards et les services réciproques. Si l’on se devait à soi-même de se sanctifier, c’est-à-dire d’introniser en soi l’être suprême et d’en faire une vérité * et une réalité, on devait aussi aux autres de les aider à réaliser leur essence et leur destinée ; dans les deux cas, on devait à l’essence de l’homme de contribuer à sa réalisation.