Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/418

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semblable à tous les autres êtres, l’homme est pour moi une propriété. On a beau me dire que je dois me comporter en homme envers le « prochain » et que je dois « respecter » mon prochain. Personne n’est pour moi un objet de respect ; mon prochain, comme tous les autres êtres, est un objet pour lequel j’ai ou je n’ai pas de sympathie, un objet qui m’intéresse ou ne m’intéresse pas, dont je puis ou dont je ne puis pas me servir.

S’il peut m’être utile, je consens à m’entendre avec lui, à m’associer avec lui pour que cet accord augmente ma force, pour que nos puissances réunies produisent plus que l’une d’elles ne pourrait faire isolément. Mais je ne vois dans cette réunion rien d’autre qu’une augmentation de ma force, et je ne la conserve que tant qu’elle est ma force multipliée. Dans ce sens-là, elle est une — association.

L’association n’est maintenue ni par un lien naturel ni par un lien spirituel ; elle n’est ni une société naturelle ni une société morale. Ce n’est ni l’unité de sang, ni l’unité de croyance (c’est-à-dire d’esprit) qui lui donne naissance. Dans une société naturelle — comme une famille, une tribu, une nation, ou même l’humanité —, les individus n’ont que la valeur d’exemplaires d’un même genre ou d’une même espèce ; dans une société morale — comme une communauté religieuse ou une Église —, l’individu ne représente qu’un membre animé de l’esprit commun ; dans l’un comme dans l’autre cas, ce que tu es comme Unique doit passer à l’arrière-plan et s’effacer. Ce n’est que dans l’association que votre unicité peut s’affirmer, parce que l’association ne vous possède pas, mais que vous la possédez et que vous vous servez d’elle.

Dans l’association, et dans l’association seule, la propriété prend sa véritable valeur et est réellement propriété, attendu que je n’y dois plus à personne ce qui est à moi. Les Communistes ne font que consacrer