Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/459

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et le clergé lui-même le sait bien, ce grand corps spirituel ne peut suffire aujourd’hui à une telle destination. L’État a besoin qu’un grand corps laïque (l’Université)… tenant de l’État son pouvoir, sa direction, exerce sur la jeunesse cette influence morale qui la forme à l’ordre, à la règle, et sans laquelle…, etc. » « C’est notre devoir à nous, Gouvernement du roi, d’y veiller sans cesse… La Charte veut la libert. de la pensée et la liberté de conscience. »

Le Catholicisme appelle le candidat au forum de l’Église, et le Protestantisme à celui du Christianisme biblique. Le progrès réalisé serait encore assez mince si on le citait devant le tribunal de la Raison, comme le veut par exemple A. Ruge  : que l’autorité sacrée soit l’Église, la Bible ou la Raison (à laquelle en appelaient d’ailleurs déjà Luther et Huss), cela ne fait aucune différence essentielle.

La « question de notre temps » ne sera pas soluble tant qu’on la posera ainsi : La légitimité a-t-elle sa source dans une généralité quelle qu’elle soit ou dans le seul individu ? Est-ce la généralité (État, Lois, Mœurs, Moralité, etc.) ou l’individualité qui autorise ? Questions oiseuses ! Le problème n’est soluble, et résolu, que lorsqu’on ne s’inquiète plus d’une « autorisation » et qu’on ne fait plus simplement la guerre aux « privilèges ».

Une liberté d’enseignement « raisonnable », qui « ne reconnaît que la conscience de la raison  », ne nous mène pas au but ; nous avons bien plus besoin d’une liberté d’enseigner égoïste, se pliant à toute individualité, par laquelle je puisse me rendre compréhensible et m’exposer sans que rien m’en empêche. Que je me fasse intelligible, cela seul est « raison », quelque déraisonnable que je sois ; si je me